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[Exclu] L'invité de la semaine : Laurent Masurel

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Crédit : Laurent Masurel

À 49 ans, Laurent Masurel est un photographe de renom. Toujours aussi passionné qu'à ses débuts il y a 17 ans, il travaille à travers l'Europe (et parfois plus loin) entre deux compétitions de la WSL quand il n'est pas en surftrip. Ancien bodysurfeur professionnel, Laurent est un chasseur de grosses vagues et un amoureux de sa côte basque natale.

Bonjour Laurent, comment vas-tu ?

Je vais bien mais disons que ça pourrait allez mieux. Lors du dernier jour du QS Pantin, au moment où les prix allaient être remis sur le podium, je me suis fait voler ma longue focale de 600mm, d'une valeur de 13000€. L'organisateur de la compétition ne m'assure pas, c'est un gros coup dur.

Est-ce que tu te souviens de ta première photo ? 

Oui, étonnamment, je m'en souviens encore très bien. Je devais avoir 13 ou 14 ans quand mon père m'a passé son Praktica. Comme l'océan m'a toujours attiré, je me suis dit que j'allais photographier cela. Ma première photo (ou du moins, la première dont je me souviens) c'est celle de surfeurs calés dans des superbes tubes alors que la marée était haute aux Cavaliers. Le résultat m'a enchanté et m'a donné envie de continuer.

"J'en ai parcouru du chemin depuis ma première photo de surf ! À cette taille et en plein hiver, Mundaka est un challenge pour tout le monde : le surfeur et le waterphotographer. Ici, un local portant fièrement le casque basque se cale dans un tube impressionnant ! Retrouvez mes photos du Pays basque français et espagnol par grosse houle dans mon livre "Côte à Côte" aux éditions Surf Session. " Crédit : Laurent Masurel

Où as-tu puisé ton inspiration ?

Ce qui m'a toujours inspiré et motivé, c'est l'océan. Le voir sous toutes ses formes, c'est tellement beau et brut que l'on a envie de le capturer. Et puis, ce qui est intéressant avec la photographie de surf ou de nature sous toutes ses formes, c'est que la Terre nous offre le décor mais que c'est à nous de trouver le bon moment, la bonne focale, la bonne luminosité et le bon angle pour rendre une photo particulière. Cela m'intéresse et m'inspire continuellement.

Comment es-tu devenu photographe ? 

J'ai eu un parcours assez classique. Après avoir terminé l'université, je suis rentré en école de commerce à Sup de Co Montpellier puis des études de sciences économiques à Bordeaux puis à Grenoble. Jusqu'alors, je ne pensais pas en faire mon métier, je ne faisais que des mariages ou des cartes postales. Je suis devenu contrôleur de gestion chez Arnette, puis à la faveur d'un licenciement économique, je me suis lancé professionnellement dans la photographie. J'en ai fait mon métier sur le tard, puisque cela s'est passé quand j'avais environ trente-deux ans.

Quels sont tes projets et tes voyages prévus pour le court terme ?

Je vais partir au Maroc pour la WSL pour couvrir le QS de Casablanca. Ensuite, avec Damien (Poullenot), on sera les photographes à Cascais pour le QS 10000, mais aussi sur deux épreuves du CT : le Quik Pro France et le Rip Curl Pro au Portugal. J'ai donc de quoi m'occuper jusqu'à début novembre. Après, je vais faire un long surftrip avec un groupe de surfeuses françaises et locales aux Philippines. Puis, enfin, je vais guetter la houle qui pointera le bout de son nez à Nazaré avec Justine Dupont, Fred David et Joël Badina. L'ennui ne sera pas un problème puisque je suis également photographe dans l'évènementiel, dans la publicité de temps en temps et occasionnellement pour des mariages.

"Voilà ce qu'ont dû affronter Joël Badina et Fred David lors de notre bodysurf trip initiatique à Nazaré cet hiver. Partir de la plage à 8 heures du matin, seuls, sans assistance jet ski, et prêts à affronter des séries comportant six à sept vagues de 6 et 7 mètres de haut !" Crédit : Laurent Masurel

Comment as-tu été amené à travailler avec la WSL ? 

Avec Damien, nous avons créé une société qui s'appelle Aquashot. Julie, la manager de l'ASP Europe de l'époque, nous a proposé de devenir des photographes officiels de l'organisation. Nous avons dit oui, et cela fait maintenant 12 ans que je travaille avec la WSL. J'ai également été caméraman aquatique sur le Quik Pro France jusqu'en 2012 pour l'ASP.

Qu'est-ce qui te rend le plus heureux au quotidien avec ton métier ?

J'ai toujours un faible pour les surftrips. Ce qui est bien dans ce milieu, c'est que tu te retrouves avec des personnes souvent sympathiques et drôles, qui ont une grande expérience et de belles histoires à partager à l'autre bout du monde. Le surf et les vagues m'ont permis de découvrir des endroits fantastiques où les gens ne se prennent pas la tête, c'est notamment le cas du peuple Mentawaï que j'apprécie particulièrement. Les vagues constituent le point de départ de mes trips, rarement la finalité. Le mélange entre les deux fait que j'ai toujours un faible pour les surftrips.

Est-ce que tu as, parfois, des moments plus difficiles ? 

Malheureusement oui, je fais un métier extraordinaire mais nous ne sommes pas immunisés contre les soucis. J'en vis un particulièrement difficile en ce moment avec ce trou de 13 000€ à combler. Ce n'est vraiment pas plaisant car personne ne peut rien faire pour moi et cette somme d'argent à combler commence à se concrétiser. Sinon, j'ai eu de la chance de ne pas être trop abimé physiquement hormis quelques côtes cassées à Backdoor et du matériel de temps en temps.

Quand tu regardes ta carrière, et tout ce que tu as accompli, reste t-il des choses à cocher dans ta liste ?

 J'adorerais créer un «livre ultime» avec mes photos préférées. En surftrip, il y a tellement de destinations que je n'ai pas encore découvertes que je ne pourrais vous dire ce que je voudrais visiter d'abord. Ensuite, j'aimerais bien obtenir plus de moyens financiers pour pouvoir partir en toute liberté, sur les plus gros swells du monde entier pendant toute une année, suivre les surfeurs de grosses vagues partout où ils vont.

"Matahi Drollet et sa bande ont ouvert les portes de ce petit bout de paradis des Tuamotu (en Polynésie française) à l'équipe de La Nuit de la Glisse dont je fais partie." Crédit : Laurent Masurel

Comment te prépares-tu avant un tournage ?

Ce qui m'aide beaucoup c'est que j'ai eu quelques heures de gloire en bodysurf. J'ai fait beaucoup de compétitions françaises et internationales, notamment avec les meilleurs nageurs de grosses vagues australiens et américains de l'époque, comme les légendes Mark Cunningham et Mike Stewart. Et cela, avec les nombreux exercices d'apnée, ont contribué à forger ma forme physique.

Je trouve que la préparation mentale est d'autant plus importante. Même quand je me sens un peu juste physiquement, il y a plus de chances que j'ai une attitude positive plutôt que négative. Par exemple, lorsque j'ai couvert le Pipe Masters en 2015, il y a eu quelques jours où le swell était vraiment très gros. La WSL a même dû arrêter la compétition. On se prenait des séries de quatre, cinq mètres sur la tête et à ce moment là, c'est le mental qui joue énormément.

Quel type de matériel utilises-tu ?

Je prends souvent mes photos avec un Canon 1D-X sur le bord et avec un Canon 1D-Mark IV dans l'eau. L'autofocus du 1D-X est vraiment incoryable, en plus, sa sensibilité a été améliorée. En focale, j'ai un peu de tout : du 10-17mm fisheye de chez Tokina que j'utilise dans l'eau jusqu'à mon regretté 600mm. En tout, j'ai à peu près une quinzaine d'objectifs différents. Le sac est parfois un peu lourd quand on part en trip !

As-tu des conseils pour des lecteurs qui voudraient se lancer dans la photo ? 

Honnêtement, je leur conseillerai de ne pas faire de la photo leur métier, à moins qu'ils parviennent à trouver une niche. L'âge d'or est malheureusement bien passé et l'avènement du numérique et d'internet n'a fait qu'accélérer les choses. Si vous vous lancez tout de même dans ce milieu, soyez surtout passionnés, faites tout pour vous intégrer rapidement et pour comprendre tous les paramètres qui font que la photographie est un art si difficile à maîtriser. Je ne souhaite pas démotiver ou faire peur à ceux qui adorent ça, mais il faut reconnaître que le côté professionnel de la photo est en danger et qu'il est devenu précaire.

Veux-tu dire un dernier mot aux lecteurs de Beachbrother Magazine ? 

Je tenais à revenir sur une idée reçue de la photo : certains disent qu'une très belle photo suffit à elle-même. Je ne suis pas totalement d'accord car dans la photographie de surf, il y a toujours une histoire vécue par le photographe qui rend l'image encore plus forte. Quand vous regardez une photo de surf, il faut vous dire que la photo n'est pas venue toute seule, et que c'est cette symbiose entre le surfeur, l'océan et le photographe qui a rendu ce cliché si beau. Pour finir, si certains d'entre vous souhaitent des tirages de mes photos, vous pouvez me contacter à laurentmasurel@wanadoo.fr ! Merci à Beachbrother Magazine de m'avoir invité ainsi qu'aux lecteurs pour avoir lu cette interview.

"Alors que le Pipe Masters est interrompu car jugé trop dangereux, Julian Wilson se lance sur le spot, avec un mélange de bonheur et de frayeur pour ma part en watershooting. Les séries de cette taille surfées par Julian ont été légion ! "Crédit : Laurent Masurel

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Surf - 2019-08-29 10:30:00