Teahupoo, c'est fiu !

«Je suis fiu» (prononcez «fiou») nous confiait lundi matin à l'arrêt de bus de Teahupoo un écolier pas vraiment pressé de reprendre le chemin de l'école pour la rentrée scolaire à Tahiti. Expression propre à la culture polynésienne et difficile à traduire, le fiu décrit un sentiment de langueur, de lassitude, de nonchalance, d'ennui et de flemme persistante. On le compare souvent avec le spleen baudelairien ou la saudade portugaise, et il justifie l'arrêt immédiat de toute activité, car même le geste le plus banal coûte un effort surhumain.

@acebuchan just because

Pour les pros et la caravane du World Tour, qui ont pris leurs quartiers depuis une semaine «au bout de la route», le fiu se révèle une maladie contagieuse. «Quand les vague sont vraiment petites et que la compétition est off, il faut vraiment se faire violence pour aller surfer, et à terre, le rythme devient si lent que tout projet de se bouger semble voué à l'échec» explique CJ Hobgood, pourtant croisé dimanche en excursion près de la grotte de Vaipori, un lieu empreint de spiritualité à l'extrêmité de la presqu'île.

[ @ ] floresjeremy Soccer day ... Next call tomorrow 12 pm for revanche !

Certains optent pour un petit surf cristallin sur les passes adjacentes ou même sur Teahupoo, où beaucoup de surfeurs de seconde zone (ce qui veut dire en période de compétition à peu près tout le monde sauf les pros) profitent d'une occasion rarissime de surfer le spot à moins d'un mètre. Des sessions dont personne ne se vantera vraiment à la maison, mais qui flattent l'ego. Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir dire : «j'ai surfé Teahupoo».

@mfanno papa teva's sashimi platter Tahitian dream

Les Australiens, eux, jouent au rugby sur les pelouses ou partent pêcher avec les locaux. Les prises des potimaras garnissent les tables de poisson frais. Thon rouge Yellow Fin ou Mahi-Mahi de gala, les shasimis, servis ici avec une sauce sucrée et du riz blanc, sont un avant-goût gustatif du paradis. Certains happy few comme Mick Fanning et Kelly Slater, ont profité dimanche du désormais célèbre Flying Boat de Georges Riou, un ULM avec un petit bateau pneumatique, qui décolle et atterrit avec grâce sur le lagon émeraude et vole à plus de 200 m de hauteur. «Best thing I've ever done» résume en exagérant à peine Kelly sur Twitter, photos à l'appui.

@michelspartan Lay day at home va'a and sunset...nice!!

Une baleine, la première aperçue cette saison, croise au large de Teahupoo depuis deux jours avec son baleineau et tout le village ne parle que de ça, et de l'excellent présage que signifie leur présence. Hier, nous l'avons vu sauter majestueusement devant notre bateau. C'était mille fois plus beau qu'un Air Reverse de Medina en free surf dans un Teahupoo de 80 cm.

@shanedorian shot by Pat Stacy

Suivez la compétition en direct sur www.billabongpro.com. De notre envoyé spécial à Tahiti. GD